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Intervention lors de l'exposition
"De Fer et d'Azur"

 

Monsieur le Maire,

Mesdames et messieurs,

Chers amis,

 

Quelques mots rapides d'abord pour remercier tous ceux qui de près ou de loin ont rendu possible cette exposition « De fer et d'azur », du moins pour ce qui me concerne, et tout d'abord Michèle Féron, qui nous a quitté trop tôt et à qui me liait une longue amitié. Elle fut voilà bien longtemps la première à me proposer d'exposer avec elle et ensuite nous avons cheminé côte à côte pendant une vingtaine d'années. Sans cette impulsion initiale je ne serais sans doute pas là aujourd'hui.

 

Tout aussi décisive a été la rencontre avec Louis Lutz, qui pendant des années fut un maître à la fois patient et bienveillant. Il m'a beaucoup appris et il m'arrive encore aujourd'hui, face à une sculpture tout juste terminée, de m'interroger : « Mais que dirait Louis ?» 

 

Je voudrais aussi remercier Valérie François, qui fut à l'initiative de cette exposition commune. Nous sommes différentes à tout point de vue, et j'avoue avoir eu quelques interrogations. Mais notre association, assez improbable au départ, a perduré. C'est une formidable coloriste et je suis très heureuse de présenter mes sculptures au milieu de ses tableaux.

 

Je n'oublie pas Monsieur le Maire et la municipalité de Compiègne, qui ont accepté de nous recevoir dans ce lieu magnifique, les agents des services municipaux toujours dévoués et efficaces, l'ensemble des artistes ici présents et les amis fidèles qui se sont déplacés.

 

Intervenir aujourd'hui m'est encore plus difficile que d'habitude, car s'il n'est jamais simple de présenter des artistes, il est véritablement malaisé de parler de soi. Comment se définir sans tromper son public ou pire se mentir à soi-même. Le plus simple, me semble-t-il, est de partir du travail effectué.

 

Je me suis toujours vue comme une héritière. Le parcours de l'artiste n'est jamais un voyage solitaire. Il regarde, il sent, avec ses propres sens, mais aussi ceux de ses contemporains tout en dialoguant en permanence avec ceux qui l'ont précédé. Cette continuité, je la ressens très fortement. Et c'est elle qui a donné « PRELUDE », un hommage à l'art pariétal et aux artistes des origines, même si on ne sait pas très bien où celles-ci se situent.

 

Cette sensibilité aux choses anciennes ne protège cependant pas des turbulences du temps. J'ai été effarée par l'invasion du Capitole, cette revanche de ceux qui savent contre ceux qui cherchent. Et les artistes font partie des chercheurs, comme les scientifiques. Ils sont dans le monde du doute,du tatonnement, et, avec « LA NEF DES FOUS », j'ai essayé d'exprimer mon effroi face à ce retour en force des certitudes imposées et de la bêtise.

 

Et j'en arrive à « LA SORCIERE », dont on sait depuis Michelet que c'est d'abord une résistante face aux multiples tentatives d'asservissement des femmes. Il ne fallait pas que la femme parle trop haut, qu'elle ait un esprit d'indépendance ou trop de connaissances. On n'en est plus tout à fait là. Mais il reste du chemin à parcourir et bien des retours en arrière sont possibles . Alors « Vive les sorcières ».

 

Parmi ces femmes qui résistent, je ne voudrais pas oublier « L'AFGHANE ». Vous remarquerez que le voile n'est que suggéré car toutes les femmes voilées ne sont pas soumises et bien des femmes soumises ne portent pas de voile. Le vrai voile est dans leur tête. Aussi le mieux est-il encore de nous faire confiance, à nous les femmes. Nous saurons, je le crois, trouver, en fonction du contexte, la voie de notre émancipation, obtenir des avancées et les défendre, si nécessaire.

 

Pour finir un mot assez personnel à propos du droit à l'imagination. A l'école primaire déjà je m'évadais à regarder le papillon qui vole ou l'oiseau qui fait son nid. Et en leçon de calligraphie -le monde disparu des pleins et des déliés- il n'était pas rare de percer la feuille avec la plume et c'était alors l'occasion d'agrémenter la tache de quelques pétales pour en faire une fleur. Et cela ne plaisait pas à tout le monde. Aujourd'hui ce sont les vieux outils qui me donnent cette occasion et c'est ainsi que sont nées quelques créatures fantastiques. Oui il faut défendre le droit à l'imagination et éviter à nos enfants ces agendas de ministres qui, sous prétexte d'activités, ne laissent aucune place à la rêverie.

 

Mais ne vous y trompez pas. Il ne s'agit pas d'un plaidoyer en faveur de l'art pour l'art. On ne parle pas pour ne rien dire et l'art n'a de valeur que lorsqu'il sert à rapprocher les hommes -par exemple en créant des aspirations nouvelles- et finalement à rendre le monde meilleur. C'est dire combien les expositions sont essentielles : l'artiste ne devient artiste que lorsque son oeuvre rencontre le monde et touche le public.

 

Merci à tous.

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EPHEMEYERIDES

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